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LES PETITES PENSEES

COURTES 
RAPIDES 
INSTANTANEES

Dimanche

Le dimanche, surtout près 18h30, je me pose plein de questions.

Je me demande quel est le rêve le plus universel, à partir de quel âge on commence à penser qu'on vieillit, à partir de quel âge on est objectivement vieux, pourquoi j'ai toujours l'impression que les gens mentent toujours un peu, est-ce qu'être honnête c'est être mal poli, quelle est la chanson la plus connue dans le monde entier, est-ce que je pourrais vivre sans un smartphone, quelle est la tranche d'âge des gens qui utilisent le mot smartphone, pourquoi on a autant besoin de partir pour revenir, quelle sera ma meilleure année et est-ce qu'elle est déjà passée, est-ce qu'on s'habitue vraiment toujours à tout, est-ce qu'il y a vraiment toujours une exception, est-ce qu'on peut vraiment ne pas être influençable ?

Puis je passe à autre chose parce que même si c'est dimanche, j'ai quand même mieux à faire.

Balade nocturne

J'avais pris le temps de bien repérer le chemin, bien regarder la route. Les arbres, les petits commerces et les noms de rues, à peu près, pour avoir une sorte de cadre dans la tête. J'aime bien retrouver mon chemin seule, ça me donne l'impression d'être indépendante, même pas besoin de mon téléphone pour savoir où je vais. Ici, la route est vraiment différente, les repères plus faciles à avoir. Il y a peu de choses. En même temps, tout se ressemble un peu. Une vie périphérique, loin de celle que j'ai dans la capitale. Je me demande à quoi ressemble le quotidien des gens, est-il vraiment différent ? Ont-ils plus de temps ou moins, se sentent-ils plus seuls ou moins ? À Paris, tout va vite, on n'a pas le temps de s'ennuyer, parfois ça donne le vertige, c'est l'illusion, on se sent fort et libre, jamais seul. Et, d'un coup, on tourne la tête, plus personne dans la rue. C'est dimanche soir. Tous ensemble, ici, dans tous ces appartements, à fréquenter les mêmes supermarchés, les mêmes cafés, les mêmes bars. Pourtant tous inconnus. Des milliers de vie qui m'échappent sous les lumières jaunes ou blanches que j'aperçois au travers des fenêtres. Ensemble, pas tout à fait. Libre, ça se travaille. La nuit tombée, les rues désertes. C'est dimanche soir. Je rentre me coucher. Il faut, de toute façon, partir un peu d'ici pour se retrouver.

La vague

La vie c'est des vagues sur lesquelles il faut apprendre à surfer. T'y arriveras pas toujours, tu vas tomber souvent, t'en auras marre parfois, mais tu vas finir par mieux gérer, à garder l'équilibre et à voir les vagues arriver. 

Elles sont toutes différentes. 

Parfois, il n'y en a presque pas, le soleil met des paillettes sur l'eau, c'est facile, tu glisses.

Parfois, elles sont énormes, tu les vois arriver au loin en cherchant la meilleure solution, quelques fois tu vas la trouver et d'autres, tu vas salement tomber, mais le plus dur sera passé. 

Et, rarement, tu vas juste te faire défoncer - un peu comme moi sur les côtés australiennes - pas l'habitude, trop grande vague, trop petit bikini. Bref, dans ces moments-là, t'as rien à faire, tu subis puis tu prends un peu de temps pour t'en remettre mais, finalement, t'y retournes toujours. J'te dis, c'est comme dans la vie.

La FOMO

J'ai la fomo de la nourriture. J’ai peur de choisir le mauvais plat au restaurant, celui qui sera moins bon que celui choisi par la personne avec qui je suis. Je me sens aussi obligée de goûter le plat des autres, d’ailleurs ça m’énerve quand on ne me propose pas. Parfois, quand je suis bien à l’aise, je n’attends même pas qu’on me propose. Ca peut déclencher des disputes. Je ne comprends pas. Pareil, à la maison, je ne supporte pas que mon assiette soit moins remplie que celle des autres. C’est important l’égalité, on se bat pour ça tous les jours. Du coup, quand je trouve que c’est pas assez équilibré, j’en pique discrètement. C’est mon moyen de faire la justice.

Les prénoms

L’autre jour, j’ai entendu le prénom Fanelli. J’ai été un peu surprise. Tout de suite, j'ai essayé d'imaginer ce qu’elle pourrait être, cette Fanelli. D’ailleurs, je ne suis pas très sûre de comment son prénom s’écrit. Fanelli, elle doit être fine et grande, un peu comme des pâtes italiennes. Brune aussi, parce qu’elle a l’air d’avoir du caractère, et les brunes ont souvent du caractère. C'est pas moi qui le dit, c’est dans les films. Fanelli, elle est grande, brune et elle ne bosse pas trop. C’est pas le prénom de quelqu’un qui travaille dur, c’est le prénom de quelqu’un qui vit sa vie un peu comme elle vient. Elle ne fait pas de mal non plus, elle a ses idées, c’est vrai, mais elle n’est pas méchante.
Puis, je me suis demandée si les gens faisaient pareil avec moi. À quoi ils pensent quand on leur dit “Ah d’ailleurs, demain t’as rendez-vous avec Armelle” ? Sûrement que j’aime les animaux. Armelle, c’est le prénom de quelqu’un qui aime les animaux. Surtout les chats. Et moi, je déteste ça. Enfin, je ne déteste pas, mais c’est pas trop mon truc quoi. Alors peut-être que Fanelli, elle est blonde et petite, peut-être qu’elle n'est pas du tout ce que je m’imagine.
Mais, si on me dit “Ah d’ailleurs, demain t'as rendez-vous avec Leonardo”, ça me fera toujours toujours plus rêver que “Ah d’ailleurs, demain t'as rendez-vous avec Gérard”. C'est pas de ma faute, c’est dans les films.

Paris

A la base je voulais juste une petite vie tranquille, puis j'ai habité à Paris. C’est pas tranquille, sauf les dimanches matins. C’est beau, c’est grand, ça grouille, ça pue parfois, ça émerveille toujours, ça gronde et ça rit, c’est chiant, c’est sympa, c’est les terrasses bondées, les gens bien habillés, c’est manger des croissants tard le soir et des kebabs tot le matin, c’est le métro, les accents, les vélibs, les conducteurs de vélibs (eux, j'ai du mal), les happy hours, les amis proches, les stars au coin de la rue, les gens qui se prennent pour des stars, les balades dans la nuit. Tout va très vite et on ne s’en rend pas toujours compte, on a mille trucs à faire et plein de gens à voir. Finalement, on fait souvent la même chose avec les gens qu’on aime. Et la vie n’est pas si mal.

Main verte

Avant de sortir de la maison j'ai failli écraser du basilic. Parce qu'en fait, il est en face de la fenêtre et c'est pas pratique. Mais comme il y a eu des orages, on a décidé de les rentrer, pour ne pas qu'ils meurent. Et, finalement, on ne les a jamais remis dehors. Enfin je dis "on", je n'ai pas vraiment eu le choix. Apparemment, ils préfèrent être en intérieur. Moi je les trouve un peu gênants à rester là, sous la fenêtre. Mais je ne dis rien. C'est donc ça, le compromis : éviter de marcher sur le basilic en allant fermer la fenêtre avant de sortir de chez soi au lieu de s’énerver.

Copilote

Parfois quand je suis dans la voiture, place passager (oui je n'ai toujours pas le permis) je préfère regarder le paysage que de donner la bonne direction. De toutes façons c'est pas clair sur le gps. Au pire tu feras demi-tour on n'est pas si pressés.

Mer

Mon rêve c'est de vivre au bord de l'eau. Presque dessus mais pas tout à fait. La mer, pas l'océan. Pas de grandes houles, juste le clapotis. Des grandes brasses en fixant l'horizon comme si je n'allais jamais m'arrêter, mettre la tête sous l'eau et me laisser à moitié couler, entendre le bruit du fond et celui de mon coeur, puis remonter. 

Je me souviens de ma grand-mère et de son soulagement la première fois qu'elle entrait dans la mer, pendant les vacances d'été. À chaque fois, elle soufflait. J'avais l'impression qu'à chaque fois, elle revivait. À côté d'elle, j'agitais mes jambes pour rester à la surface et la contempler. Elle était heureuse, je crois. Je l'étais.

Souvenirs

L'autre jour je pensais à la vie et à quelle point elle va vite, je me souviens de moi, petite, des gens qui étaient tous autour de moi, qui partent et reviennent, puis partent vraiment. 

Je me souviens de micro-details, des baskets à paillettes que je rêvais d'avoir, des briques rouges de l'appartement que j'usais en jouant à la maîtresse, des goûters à base de barquettes au chocolat avec mon frère, les Kellogg's emportés sur la grande plage de Port Leucate, de ma mère qui jouait à la coiffeuse avec moi quand elle me demêlait les cheveux, de l'odeur de la cannelle dans les escaliers d'Asnières, des pieds dans la neige d'Orbey, du goût trop sucré du muscadet en été, et aussi les peines, les peurs, les sourires, les joies, les grands moments, les plus petits mais tout aussi beaux, les larmes de toutes sortes. 

Et surtout ce truc, ce petit pincement au cœur que j'ai toujours quand je vois quelque chose de beau, de touchant, de triste, un truc qui me prend malgré moi et qui, depuis toujours, me rappelle que j'ai de la chance de vivre cette vie, une vie un peu bizarre, un peu folle, un peu énervante parfois, mais une vie pleine de ressentis. Et c'est tout de même grand de pouvoir éprouver autant de choses, juste parce qu'on est là, ici, jetés dans la vie.

Les impôts

L'autre jour j'ai reçu un avis d'imposition pour la taxe d'habitation sur les résidences secondaires. Au début, j'ai cru à un spam, un email frauduleux, un truc avec un lien sur lequel tu cliques et hop, t'es hacké. J'ai quand même ouvert le mail par curiosité. Il avait l'air très vrai. En fait, il était trop réel. Le logo, l'adresse URL, les liens affiliés, je devais donc apparemment vraiment payer cet impôt sur les résidences secondaires. Ça m’a tout de même un peu fait rire parce que, non seulement je ne possède pas de résidence secondaire, mais en plus je n'en ai pas de principale. C’était assez culotté de leur part. Après un état de surprise, de panique et un appel à un ami (mon père), je les ai finalement contactés pour leur dire qu'ils faisaient erreur. Et mon erreur a moi ça a été de dire à un agent des impôts qu'il a fait une erreur. Car un agent des impôts a toujours raison. Même quand il a tort. Un peu comme moi mais pire.

Bref, j'ai voulu lui expliquer pourquoi il avait tort en utilisant des tirets pour argumenter en plusieurs étapes. Y'a rien de plus énervant que quelqu'un qui vous prouve que vous avez tort en mettant des tirets. S'en est suivi un échange de mails avec des chiffres, des dates et des “C’est très simple”, phrase magique qui me donne instantanément envie de cracher à la tête de la personne qui la prononce. 

Ça va se régler, mais la morale de cette histoire, c’est qu’on peut détester quelque chose encore plus  fort que la SNCF (et je ne pensais pas que c’était possible).

Cartes postales

Dans la vie, j'ai une obsession : celle de ne surtout pas oublier.
Je veux me souvenir de tous les détails de ma vie, les bons plus que les mauvais, les weekends avec mes amis, les longs repas avec ma famille, les couchers de soleil, les apéros, les cafés en terrasse, les gros petits-déjeuners du dimanche, les balades tard le soir, les fous-rires, les grandes discussions, les mimiques des gens que j'aime, les personnes qui m'ont pris dans leurs bras et serré fort, les vacances, surtout celles de l'enfance parce qu'elles gardent vive l'image de ceux qu'on ne reverra jamais.
Dans la vie, j'ai une obsession : celle de me rappeler. Et apparemment, si c'est sur internet, ça ne disparaît jamais.

Les détails

Faut avoir le sens du détail, celui qui fait la différence. C’est l’histoire de centimètres (pas ceux-là) sur une coupe de cheveux ou un vêtement, c’est les bijoux qu’on porte, ceux qui se refilent de générations en générations, c’est le courbe du sourire avant de cracher sa blague, c’est un grain de beauté là où on s’y attend pas, c’est un tatouage d’adolescent qu’on regrette pas mais dont on n’est pas non plus hyper fier, c’est la manière de tenir le volant, celle de faire ses lacets, soit t’enroules un des cotés autour de l’autre, soit tu les entrelaces directement, c’est savoir si tu gardes ton parfum dans ta chambre ou dans ta salle de bain, c’est savoir si tu préfères Niels Schneider, François Civil ou Vincent Cassel (c’est un piège), c’est dire oui plus que non ou non plus que oui. La différence elle est dans le détail, celui qu’on remarque que si on fait vraiment attention, que si on s’y intéresse vraiment.

Eté

Il suffit de pas grand chose mais quand même… de sel dans les cheveux, de belles vues, de réveils tôt le matin, de se jeter dans l'eau à n’importe qu’elle heure, de ne plus vraiment se préoccuper de l’heure, de silence, d’un bon livre, de siestes, de bonne nourriture, de ne pas se priver, de ne pas trop penser, d’avoir le droit de s’ennuyer, de robes légères, de routes ombragées, de l'horizon pour nager, du rythme du soleil pour profiter.
Et il semblerait qu’en cet instant, rien ne pourrait être plus parfait.

Associations

La vie, c'est faire en sorte que les choses aillent ensemble. Par exemple : les tomates avec la mozza, la pastèque avec la feta, le canapé avec le salon, la tasse de café avec la chemise, les lunettes à ta vue ou encore Pierre Niney avec moi.

Métro

Hier matin j’étais dans le métro, la ligne 12, j’avais une place assise, il y a moins de monde que d’habitude parce que c’est vendredi et que le vendredi, les gens font du télétravail (analyse très peu prouvée scientifiquement). Assise donc, j'ai pu faire ce truc de poser ma tête contre la vitre pour réfléchir au sens de la vie et à ce que je faisais à 9h du matin dans cette ligne de métro 12. Justement, je me disais que si je voulais être riche, je pourrais potentiellement tout arrêter et commencer à vendre des photos de mes pieds (qui, honnêtement, sont assez beaux). Il faudrait vendre beaucoup de photos, certes, mais quand même, quelle drôle de vie dans quelle drôle de société.

Armelle

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